Festival Maintenant 2018 ► Interview de Joasihno, artistes SHAPE
Publié le 15 septembre 2018 / Festival
Avant le festival Maintenant 2018, nous nous sommes entretenus avec le duo allemand Joasihno, qui présentera deux performances : en concert au Temple Protestant le 11 octobre et pour un format « little set-up » le 12 octobre.
Pouvez-vous vous présenter ?
Nous formons Joasihno, un duo de musique électronique expérimentale basée à Munich, en Allemagne.
Quel est votre background musical ? Comment en êtes-vous arrivés à créer de la musique à l’aide d’ordinateurs, de composants électroniques et de technologie ?
Nous faisons tous les deux de la musique depuis longtemps et, au cours des dix dernières années, nous nous sommes mis à composer de plus en plus avec des ordinateurs.
On peut y retrouver plusieurs influences telles que la musique minimaliste et la musique classique contemporaine. Diriez-vous que ces genres vous inspirent ? Pouvez-vous parler de vos autres influences ?
J’ai été vraiment marqué la première fois que j’ai entendu la musique de Steve Reich. J’admire totalement cette combinaison entre l’effet hypnotique de cette musique et les structures claires comme de l’eau de roche de ses compositions. Mais Moondog a également eu une grande influence sur nous. Sa manière de mélanger de stricts contrepoints avec des rythmes faits de percussions lo-fi est unique et incroyablement belle. Concernant d’autres influences importantes, on peut citer tous les pionniers de la musique électronique des années 60 tels que Raymond Scott, Delia Derbyshire ou encore Bruce Haack. Et il y a aussi énormément de musiques électroniques contemporaines qui empruntent la même voie telles que Lucky Dragons, Jam Money… Tellement de bonnes musiques en ce moment !
Pouvez-vous décrire votre manière de travailler ? En quoi est-elle différente de votre approche du live ?
La plupart du temps, nous commençons à composer en cherchant des sons, et ensuite en créant des mélodies et des accords. Nous créons les structures après. Ce processus peut être guidé par l’envie de créer un arrangement organique, mais aussi par des idées plus théoriques, orientées sur des concepts. En live, tout est joué de manière plus élaborée. De plus, nous voulons donner à l’auditeur/spectateur une chance de voir comment nous faisons de la musique. Nous ne voulons pas être un groupe qui fait un live derrière des ordinateurs.
Dans votre processus créatif, quelle place accordez-vous à l’expérimentation avec la technologie et le “hardware” ?
La technologie est très importante pour nous. Elle aide beaucoup à trouver des idées.
Vous construisez vos propres instruments à l’aide de pièces très pointues technologiquement, mais aussi avec des matériaux bruts. Cette dualité est-elle importante pour vous ?
J’aime vraiment le contraste entre analogue et digital, au travers du son mais également dans la manière dont nous construisons nos instruments. Personnellement, je pense que les contrastes possèdent quelque chose de très élégant dans la perception humaine en général (son, couleurs, goût…). Ils peuvent créer une image magnifique.
Vos lives sont en partie basés sur l’improvisation et la génération aléatoire de sons. Quel est votre rôle préféré sur scène ?
J’aime beaucoup nos batteurs rotatifs. Ils créent aléatoirement ces motifs polyrythmiques. Je peux les écouter pendant des heures.
Votre setup live joue un rôle clé dans vos performances. Pouvez-vous parler de la manière dont vous l’avez conçu ? L’adaptez-vous en fonction du lieu où vous jouez ?
Nous l’avons conçu ensemble, avec des amis qui nous ont aidé à construire toutes les parties techniques. Nous devons un peu l’adapter à chaque concert vu que la scène peut être légèrement différente.
Quels sont vos futurs projets ?
Pour notre passage au SXSW aux Etats-Unis en mars, nous avons construit une très petite version de notre setup, entièrement fonctionnelle sur batterie. Nous voulons jouer le plus possible avec ce setup dans l’espace public et en tournée. Nous avons vraiment hâte d’amener de la musique dans les rues et de faire partie de la célébration du pouvoir de création humaine.
Merci Joasihno. Nous avons hâte de vous retrouver à Rennes en octobre 2018 !
Merci et oui, nous avons également hâte de vous retrouver à Rennes en octobre !
Joasihno est issue de la sélection SHAPE 2018. La plate-forme SHAPE est une initiative co-financée par le programme Europe Créative de l’Union Européenne.
Interview réalisée par Boris Clénet
Photo de couverture © André Habermann