Interview de Coline Pierré – Résidence Histoires Connectées
Publié le 8 mars 2017 / Actions culturelles - Balises
En 2016-2017, l’auteure Coline Pierré est accueillie dans le cadre d’une résidence d’artiste en milieu scolaire dans deux classes de CM1-CM2 de l’école Trégain à Rennes et une classe de CE1 de l’école Lucie Aubrac à Nantes. Elle crée avec eux pas moins de 54 histoires interactives qui seront ensuite disponibles en ligne sur un site développé par deux étudiants d’Epitech Rennes.
Prochain rendez-vous pour écouter les 54 Histoires Connectées et découvrir le site Internet :
Jeudi 11 mai à 18h00
Hall du Pôle Associatif Marbaudais
32 Rue de la Marbaudais 35700 Rennes
En amont de la restitution, Coline Pierré nous en dit plus sur son univers, sa démarche et la résidence.
Coline, tu es auteure de littérature jeunesse. Quand as-tu écrit ta première histoire ?
D’aussi loin que je me souvienne, les premières histoires que j’ai écrites datent de l’école primaire. En CM2, nous étions un groupe de copains qui écrivions des sortes de pièces de théâtre improbables dont les personnages étaient des pastiches de nous-mêmes. Un paquet d’années plus tard, à l’âge de 26 ans, j’ai publié mon premier roman. Entre temps, j’ai écrit tout un tas de choses : des chansons, des poèmes, des nouvelles, des journaux, des récits et beaucoup de débuts de romans.
Peux-tu nous parler des livres que tu as écrit ?
J’ai publié pour l’instant quatre livres : deux romans pour enfants et deux romans pour adolescents (dont un en collaboration avec un autre écrivain, Martin Page). Ils ont des titres longs (Apprendre à ronronner, L’immeuble qui avait le vertige, La folle rencontre de Flora et Max, Ma fugue chez moi), parce que je trouve qu’un titre est déjà une manière de raconter une histoire. Du moins, j’essaie de le faire. Mes livres parlent chacun à leur manière de la difficulté à communiquer avec les autres. Chacun de mes personnages est à la recherche d’une ruse, d’une manière autre que par la parole, pour dire ce qu’il a besoin d’exprimer. Ces ruses sont parfois douces, parfois plus brutales.
Où puises-tu ton inspiration ? Peux-tu définir ton univers en quelques mots ?
Je puise mon inspiration partout, dans ce que je vois, ce que j’entends, ce que je lis, ce que je vis. Quand j’écris et quand je réfléchis à un livre, j’essaie de regarder le monde réel en décalant légèrement mon regard, pour raconter des histoires tout à fait absurdes et surréalistes avec le plus grand sérieux du monde, ou des histoires plus sérieuses avec de la légèreté et un peu de folie.
Il y a-t-il un livre dont tu ne pourrais pas te passer ?
Les journaux de Sylvia Plath. J’aime la citer dans mes textes, j’aime feuilleter ce livre avant de me mettre au travail ou quand je peine à avancer. Ils sont une source inépuisable d’inspiration et de réconfort, ils sont émouvants et drôles, joyeux et désespérés, toujours d’une immense richesse.
En 2016-2017, tu participes à la résidence Histoires Connectées. En quoi consiste-t-elle ? Pourquoi Histoires Connectées ?
La résidence Histoires Connectées est un projet imaginé par l’association Electroni[k] qui mêle écriture, numérique, dessin et musique. Nous travaillons avec trois classes de primaire à Rennes et Nantes, avec qui nous avons écrit des histoires qui suivent toutes une même structure et ont chacune des éléments en commun : les ingrédients (un personnage principal, un lieu et un personnage secondaire). Ainsi, toutes les histoires sont interconnectées. Il y au total 54 histoires, mêlant 9 personnages principaux, 6 lieux et 9 personnages secondaires. Les enfants ont ensuite enregistré, illustré et bruité leurs histoires. À l’issue de la résidence, un site Internet permettra d’écouter toutes les histoires de façon interactive, en choisissant trois « ingrédients », un peu à la manière d’un jeu de casino.
Comment s’est montée cette résidence ? Quelles sont les raisons qui t’ont donné envie de faire partie de l’aventure ?
Lorsqu’Electroni[k] m’a proposé cette résidence, cela m’a tout de suite intéressée parce que cela touche complètement aux disciplines avec lesquelles je travaille, et avec lesquelles j’avais envie de développer des ateliers : écriture et musique en particulier, mais aussi dessin et numérique. Nous avons affiné le projet ensemble en lien avec Stereolux à Nantes.
De quoi parlent les histoires ? Qui sont les protagonistes ?
Les histoires mettent en scène des personnages qui veulent tous accomplir un grand rêve. Il peut s’agir par exemple de trouver l’amour, devenir président de la République, retrouver sa liberté ou voler dans les nuages. Pour y parvenir, ils reçoivent l’aide d’un autre personnage. Les histoires mêlent indistinctement réalisme et science-fiction : on y croise des fantômes, des chats qui parlent, des superhéros qui font des claquettes, des zombies amicaux, des sirènes, des singes footballers…
Tu mènes également d’autres projets comme Monstrograph ou des lectures musicales. Peux-tu nous en dire plus ?
Monstrograph est une maison de microédition que j’ai montée avec l’écrivain Martin Page. Nous y publions de petits livres étranges écrits et dessinés à la main et parfois des textes courts, avec le plaisir d’être autonome et de tout décider du début à la fin de la chaîne du livre. J’y ai par exemple publié une « Petite encyclopédie des introvertis ». À plus long terme, nous aimerions y publier des textes d’autres auteurs que nous aimons. Nous faisons aussi un peu de sérigraphie, des livres numériques… C’est notre laboratoire, l’endroit où nous pouvons tester tout ce qui nous fait envie, s’essayer à d’autres supports.
Je crée également des lectures musicales et/ou dessinées avec d’autres auteurs ou dessinateurs que nous jouons de temps en temps sur scène, dans des bibliothèques ou des festivals littéraires. Elles sont parfois adaptées de livres existants, et d’autres fois complètement inédites. C’est une manière de faire vivre la littérature et les histoires autrement que par le livre, de faire de la littérature un art vivant, et de se confronter à un rapport plus direct avec les lecteurs/spectateurs.
Je fais aussi partie d’un collectif d’écrivains et d’illustrateurs qui mettent en place des lectures performées autour du livre.
Quelle est ta dernière création ? Sur quels projets artistiques travailles-tu actuellement ?
Je viens de terminer un essai co-écrit (encore une fois !) avec Martin Page ainsi qu’un album pour enfants illustré par le dessinateur Loïc Froissart qui paraîtra en 2018. Je travaille aussi sur d’autres écrits : album jeunesse, roman pour enfants, pour adultes…
Un petit mot sur le lancement du site Internet le jeudi 11 mai ?
J’ai hâte de découvrir le fruit de tout notre travail finalisé, de voir les enfants l’essayer et de pouvoir le partager autour de nous. C’est un gros chantier pour les enfants, les enseignants, les coordinateurs et moi-même, mais c’est une aventure passionnante. Et le fait que cela aboutisse sur un outil aussi concret et surtout pérenne est une belle récompense.
Rendez-vous le jeudi 11 mai à 18h00 !
Hall du Pôle Associatif Marbaudais
32 Rue de la Marbaudais 35700 Rennes
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Histoires Connectées est une résidence d’artiste en milieu scolaire menée par l’association Electroni[k], qui bénéficie du soutien de la Ville de Rennes et du ministère de la Culture et de la Communication.
Propos recueillis par Juliette Josselin
Images © Gwendal Le Flem