METROPOLE ELECTRONI[K] #13 – BERENGER RECOULES A L’UNIVERSITE RENNES 2
Publié le 9 avril 2013 / Actualité générale
Projet lancé en 2008, Métropole Electroni[k] propose à des artistes d’univers différents de réaliser des créations sonores au cours de résidences dans divers lieux de Rennes Métropole, qu’ils soient à vocation culturelle, sociale ou citoyenne, puis de les présenter aux différents publics, usagers de ces lieux, visiteurs ou curieux…
Dans le cadre de Métropole Electroni[k], les artistes en création développent leur point de vue sur un espace de vie qu’ils investissent et restituent ce travail. Cette démarche permet de découvrir ou de redécouvrir des espaces sociaux où le collectif s’incarne au quotidien, d’appréhender la ville, les territoires par l’oreille et ne plus les penser simplement comme sources de bruits et de nuisances.
À la frontière entre arts, histoire du paysage, sociologie et environnement, Métropole Electroni[k] se situe résolument dans une approche transdisciplinaire et multimédia. Ce projet propose une forme simple et inventive d’état sonore des lieux, mais aussi un instantané sensible et poétique des humains qui les parcourent, les habitent.
Conçues comme des cartes postales sonores, les créations seront accessibles en 2013, sur un site web dédié, accessible au plus grand nombre, habitants de la métropole mais aussi largement ouvert sur le monde. Ces cartes postales vont donner naissance à une carte sonore évolutive, enrichie chaque année au rythme des résidences, par de nouvelles propositions.
Après Eddie Ladoire à l’EPI Condorcet de Saint Jacques de La Lande en 2008, Sébastien Roux au Bon Accueil, Félicia Atkinson à l’Hôtel de Rennes Métropole et Aymeric de Tapol au Diapason en 2009, Dinahbird aux Champs Libres, Herman Kolgen à la gare SNCF de Rennes, Jean-Philippe Renoult à la médiathèque Théodore Monod à Betton, Mathias Delplanque à l’Institut de Formation à l’Artisanat à Bruz, Lynn Pook à la maison de retraite de Cleunay, Mira Calix au CADA à Rennes, Philippe Morvan aux Imprimeries Ouest France, Robert Henke à l’aéroport de Rennes et Pauline Boyer à la Plateforme Industrielle Courrier de Noyal-Châtillon-sur-Seiche, c’est à Bérenger Recoules qu’est confiée cette carte postale sonore du campus Villejean de l’Université Rennes 2.
Bérenger Recoules – Photo: Jules Thouvenin.
Pour cette treizième carte postale sonore, Electroni[k] a sollicité l’artiste Bérenger Recoules afin de travailler sur le campus universitaire de Rennes 2.
Bérenger Recoules est un artiste et designer sonore nantais. Il est spécialisé dans le détournement d’espace en création sonore, dans la réflexion des affects et des émotions que le son peut produire en direction d’un public. Ainsi, peu importe le lieu dans lequel il évolue, tout peut être matière première au service de son idée. Tout peut être son ou musique, et l’artiste offre la possibilité au public de se réapproprier l’univers sonore de son environnement d’une manière différente.
Bérenger est venu en mars 2013 pour plusieurs séries de captations sonores. Il a sillonné le campus accompagné de bénévoles de l’association Electroni[k], d’étudiants issus du Master Arts et Technologies Numériques et de la Licence Musicologie.
Au détour des rencontres (avec des enseignants, du personnel administratif, des étudiants) et des sons captés (un escalier, un brouhaha issu d’un groupe de personnes, une chaise…), Bérenger livre sa vision du campus et de la vie qui l’anime. Toute cette activité entendue par l’oreille de l’artiste a, en effet, été enregistrée et retravaillée par les étudiants participants au projet. Les étudiants sont concrètement impliqués dans les phases de création.
Le groupe d’étudiants avec Bérenger – Photo: Jules Thouvenin.
Le but est d’obtenir une cartographie sonore du campus, transposée en application web. Chaque lieu du campus est représenté par des sons qui le caractérisent et peut être écouté à volonté et même modifié en temps réel par le biais de filtres sonores.
Yves et Cécile, étudiants en Licence de Musicologie à Rennes 2 et stagiaires à Electroni[k] étaient chargés de préparer la venue de Bérenger sur le campus. Pour lui assurer une efficacité maximum, ils lui avaient préparé un planning avec des personnes à rencontrer et des lieux à aller voir. Ils avaient également mobilisés un petit groupe d’étudiants volontaire pour l’aider dans sa prise de son et sillonner ainsi un plus grand territoire. Ils nous racontent leur expérience.
Lundi 25 Mars
Arrivée de Bérenger sur le campus à 9h30 pour une dernière mise au point avec les étudiants et donner les dernières directives: des enregistrements courts, chercher des sons caractéristiques du campus et familiers de nos quotidiens d’étudiants, trouver des thématiques (tous les bruits de portes, les ascenseurs, les escaliers) et surtout bien référencer les différentes prises. A chaque enregistrement, il faut noter son numéro, le lieu où il a été pris et en faire une photo.
Bérenger donne les dernières consignes – Photo: Jules Thouvenin.
Le groupe au complet, prêt pour les enregistrements – Photo: Jules Thouvenin.
Après avoir établi les emplois du temps de chaque groupe, cette première journée peut commencer.
Dans un premier temps, Estelle Faure, responsable du Service culturel et Amélie Tehel, chargée de la communication dans le même service nous accueillent avec Bérenger. Elles livrent leur point de vue sur le projet, donnent des pistes de sons qu’elles trouvent représentatifs de l’Université. Emballées par l’idée, elles proposent même de le mettre à disposition des jeunes étudiants pour la rentrée de septembre.
La visite du Tambour – Photo: Jules Thouvenin.
Forts de ces premières pistes, nous faisons ensuite visiter l’Université à Bérenger. Habitué à étudier les sons des différents environnements, il capte tout de suite ce qui l’intéresse. Les travaux quelques peu bruyants dans le Bâtiment D sont immédiatement fixés, la ventilation de la bibliothèque également. Sous les yeux quelque fois interloqués des étudiants de passage et du personnel, le concepteur sonore enregistre, prend des photos. Pour satisfaire toutes ses envies, il demande même à une responsable de la bibliothèque de manipuler des livres afin de fixer le « bip » caractéristique des petites télécommandes, ce bruit que les étudiants entendent tous les jours sans s’en rendre compte.
Après un passage à la brasserie du bâtiment Erêve, lieu où une foule gourmande s’anime dès midi, Bérenger fait un tour par le métro.
Enregistrements dans la cafétéria de l’Erêve – Photo: Jules Thouvenin.
Bérenger prend les sons de plateaux et des couverts – Photo: Jules Thouvenin.
L’après-midi se poursuit par un passage à la reprographie et son concert impressionnant d’imprimantes, plieuses et autres machines. Audrey, secrétaire de l’UFR Sciences sociales nous reçoit également pour nous donner sa vision sonore du campus : la sonnerie du téléphone, les bruits de pas dans le couloir du bâtiment B et le micro-onde de la salle des profs. Puis nous passons dans le très studieux bâtiment N. Ici, ce sont surtout les pianotements des doigts sur les claviers d’ordinateurs que nous entendons.
Nous assistons également à la répétition d’une chorale étudiante (Do ré mi fac), puis à une représentation de poésie déclamée, bref, à la vie culturelle et associative de la faculté.
Mardi 26 Mars
Une fois les enregistreurs récupérés, une nouvelle journée commence.
Les étudiants partent en groupe de leur côté pour récupérer des sons précisément demandés par Bérenger (cours de langue, bruits d’escaliers). Pendant ce temps, l’artiste vogue au gré de ses différents rendez-vous entre cours en amphi et travaux dirigés, pour finir en errances sonores solitaires en vue de captations toujours plus riches.
Dans le bâtiment S – Photo: Jules Thouvenin.
La soirée est même agrémentée d’un passage par Radio Campus Rennes, la radio des étudiants de Rennes 2 où une émission en direct est enregistrée.
Jeudi 28 Mars
C’est une journée plus sportive que la veille pour Bérenger qui découvre un des gymnases de Rennes 2, avec sa salle de danse et ses sports collectifs. Il y capte les bruits ambiants secs et vifs des sportifs.
Pendant un cours de badminton – Photo: Jules Thouvenin.
Un cours de danse contemporaine – Photo: Jules Thouvenin.
Puis dans le bâtiment M, changement complet d’ambiance, les cours d’art plastique proposent une approche calme et concentrée, où seul le crayon glissant sur le papier domine.
Un cours de dessin – Photo: Jules Thouvenin.
En fin d’après-midi nous rendons tout les enregistrements à Bérenger, afin qu’il puisse dérusher notre travail de la journée et commencer le montage pour sa carte postale. Petit débriefing convivial de la résidence autour d’un café avec en plus une petite présentation des travaux personnels de Bérenger.
Debriefing de la journée – Photo: Jules Thouvenin.
Il nous fait aussi partager son projet d’application web avec les différents logiciels qui seront utilisés pour la conception de la carte postale. Un échange enrichissant pour des étudiants immergés dans cet univers de musique électronique.
Ainsi, l’artiste, chargé d’un bagage sonore conséquent, reviendra à notre rencontre avec son projet final pour la restitution de sa carte postale et de sa vision auditive du campus de la faculté de Rennes 2.
Le résultat sera présenté le jeudi 11 avril, à partir de 12h15, dans l’amphi E2 au sein de l’Université Rennes 2, dans le cadre du festival Roulements de Tambour. A cette occasion, Bérenger Recoules expliquera ses méthodes de travail et laissera les spectateurs expérimenter son application.
Plus d’informations sur le travail de Bérenger Recoules
Cet article a été rédigé par Cécile Babin, Yves Grandjean et Anna Stevens. Relectures par Boris Clénet